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Une pièce de Patrick Hamilton.

Deux étudiants défrayent la chronique pour inculpation de meurtre d’un de leur camarade d’université.
Ils affirment avoir supprimé sa vie « just for the fun ».

La Corde (Rope), de Patrick Hamilton, écrite et jouée dès 1929, s’inspire de ce fait divers.

La notoriété de La Corde est en grande partie due à l’adaptation cinématographique d’Alfred Hitchcock, où James Stewart joue Rupert Cadell.


1924 – Le « crime du siècle » à Chicago

Il y a presque un siècle, le 10 septembre 1924, deux tueurs de Chicago ont été reconnus coupables d’avoir enlevé et tué Robert “Bobby” Franks, un adolescent, pour un « intellectual thrill » (frisson intellectuel). Nathan F. Leopold, Jr. et Richard A. Loeb ont été défendus par Clarence Darrow, un avocat de renom et ancien procureur des États-Unis pour le district sud de New York. Grâce à leurs aveux, le duo n’a pas été condamné à mort mais à la prison à vie. C’est ce que l’on a appelé le “crime du siècle” à Chicago.

Les deux conspirateurs, riches et intelligents, avaient commis plusieurs vols et incendies mineurs avant de kidnapper Bobby Franks dans le quartier sud de Chicago dans une voiture de location le 21 mai 1924. Loeb a probablement été le plus vicieux des deux, faisant avaler de force un bâillon au garçon tout en le frappant avec un ciseau. Le garçon est mort quelques minutes après l’incident. Après avoir à moitié enterré le corps du garçon dans un ponceau de chemin de fer, ils ont demandé une rançon de 10 000 dollars à ses riches parents. Finalement, la police a localisé Leopold et Loeb après avoir trouvé le corps dans le fossé et plusieurs indices, notamment des lunettes appartenant à Leopold. Ils se sont confessés presque instantanément.

Darrow, que le père de Leopold avait engagé, a présenté un argument convaincant contre la peine capitale. Pour le crime d’enlèvement et de meurtre, le juge les condamne respectivement à la prison à vie.

Motivation : Cette affaire est particulière car en fait la seule motivation de Léopold et Loeb était de tenter de prouver leur supériorité et d’essayer de commettre un crime parfait. La froideur de leurs intentions marque l’opinion publique et fait de ce procès l’un des plus grands du siècle. Le brillant avocat Clarence Darrow assure leur défense et leur évite la pendaison grâce à sa plaidoirie fondée sur le déterminisme, qui dura douze heures, sur deux journées d’audience. Le 10 septembre 1924, Léopold et Loeb sont condamnés à la prison à perpétuité pour meurtre, plus 99 ans pour enlèvement.

L’après-procès : Loeb est mort en prison en 1936 des suites d’une agression au rasoir commise par un autre détenu James E. Day, qui lui reprochait de lui avoir fait des avances sexuelles. Il est également possible qu’il s’agissait d’une vengeance à la suite du refus par Loeb des propositions de James Day, celui-ci ayant par la suite été surpris avec un autre détenu.

Leopold s’est impliqué dans l’instruction des prisonniers, ce qui lui a permis d’avoir une remise de peine au bout de 34 ans de prison. Il est mort à Porto Rico en 1971 d’une crise cardiaque liée à son diabète.

Influences : Cette affaire a eu un grand retentissement à l’époque, choquant la communauté juive dont tous deux étaient issus (mais non pratiquants), la presse se fit largement l’écho de ce crime qui a influencé par la suite, plus ou moins directement, de nombreuses œuvres dont Rope’s End (1929), pièce de théâtre de Patrick Hamilton, qui fait l’objet d’une adaptation cinématographique par Alfred Hitchcock en 1948, « La Corde ».


Pour connaître leur histoire dans L’Odéon, cliquez sur la photo